La RSE s’impose dans le cahier des charges des DAF

Article RSE Nov 2022

Toujours sous forte tension, les directions financières souhaitent tirer profit de la valeur des données, et préparent l’intégration de l’extra-financier dans le pilotage stratégique de l’entreprise.

Sans surprise, le contexte géopolitique et l’inflation occupent cette année une place de premier plan parmi les « Priorités des DAF », présentées la semaine dernière par la DFCG et le cabinet d’audit et conseil PwC, lors de Financium. Incontournables depuis la crise du Covid, les sujets du prévisionnel et de l’agilité demeurent également en haut de la pile : 82 % des directions financières souhaitent (toujours) faire évoluer leur approche budgétaire.

Mais deux nouvelles tendances sont perceptibles dans cette « étude 2022 », onzième édition de l’observatoire. Le sujet de la data, tout d’abord. « Il y a une prise de conscience sur la valeur des données, explique Laurent Morel, associé responsable des activités de conseil pour les directions financières chez PwC France et Maghreb, chargé de l’étude pour la France. Beaucoup d’entreprises ont déjà opté pour des solutions agiles, en SaaS, ou ont mis en place des ‘datalake’. Elles sont donc désormais en mesure de récupérer et de croiser des données pour les exploiter. » A la condition, toutefois, de parvenir à développer les compétences nécessaires.

Le pilotage de l’extra-financier

Deuxième axe majeur : celui de la RSE (responsabilité sociale, sociétale et environnementale) : 73 % des directions financières prévoient de faire évoluer leur modèle de pilotage pour intégrer les dimensions RSE en moins de trois ans. « La RSE devient un élément marquant et important du fonctionnement opérationnel et stratégique des entreprises. L’échéance prochaine de la CSRD, qui va concerner toutes les entreprises, accélère la tendance », souligne le président de la DFCG, Emmanuel Millard. Un vrai basculement – du reporting extra-financier au pilotage extra-financier – qui soulève de nombreux défis, « notamment liés à la capacité de collecte d’une donnée de qualité, à la mise en place d’un processus robuste de reporting et de pilotage de cette donnée – y compris le processus de contrôle interne – à la disponibilité des profils/compétences, l’organisation », note PwC.

Car les conséquences seront importantes, tant sur les métiers que sur l’organisation des directions financières. « Les consolideurs travaillent actuellement sur des sujets comme la taxonomie, tandis que le contrôle de gestion commence à son modèle de pilotage pour prendre en compte l’extra-financier. La RSE prend aussi de l’importance dans les opérations financement et de trésorerie, mais aussi de M&A, détaille Laurent Morel. Pour ce qui est de l’organisation, certaines entreprises ont encore d’un côté la finance, de l’autre, la RSE… Mais ce système en silo ne peut plus perdurer. » Parmi les pistes ?

Soit une finance dont les compétences sont élargies à l’extra-financier. Soit un département RSE qui évolue vers la stratégie, pendant que la direction financière, forte de sa position transverse dans l’entreprise comme de sa maîtrise du reporting, règne sur toute l’information : financière et extra-financière.

Nouvelle façon de travailler

A lire l’étude, un sujet paraît négligé : celui de la gestion des talents. « En réalité, les DAF semblent découragés : personne n’arrive à recruter actuellement. La priorité semble donc s’être déplacée du recrutement à la formation, perçue comme une solution possible au manque patenté de collaborateurs au sein des équipes », juge Laurent Morel.

Mais la pénurie de collaborateurs pourrait aussi changer l’ambiance dans les directions financières. « Il nous faut repenser la façon de travailler dans les directions financières : les sujets de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, de la culture d’entreprise, du télétravail et de la RSE sont devenus des critères discriminants aujourd’hui », reconnaît Emmanuel Millard. Une révolution.

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